Einstein : Dieu ne joue pas aux dés… et pourtant !

Publié le par Michel Besson

 

 

Au début du XXe siècle, la découverte de la physique quantique, et son principe d’incertitude, a posé question aux philosophes et scientifiques.


Einstein lui-même a déclaré à l’époque :


La mécanique quantique force le respect, mais une voix intérieure me dit que ce n'est pas encore la juste vérité. En tout cas, je suis convaincu que "Dieu ne joue pas aux dés."


À elle seule, cette petite phrase résume l'état d'insatisfaction dans lequel cette nouvelle physique laisse Einstein. Car, à partir d'une situation donnée, celle-ci prévoit plusieurs issues possibles : une même cause donne lieu à plusieurs effets... entre lesquels Dieu choisirait d'un coup de dés ? Pour Einstein, cela heurte bien trop sa vision du monde.

CÉCILE BONNEAU ET NICOLAS CONSTANS - OCT 2019 https://www.science-et-vie.com

 

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Puis en juillet 2012, la découverte du Boson de Higgs, a été médiatisée de façon tout à fait surprenante, et ce n’est pas parce que cette particule fut aussi appelée avec un peu d'humour, « Particule de Dieu », que cette découverte dépassa le cadre du seul monde scientifique.

 

La réalité de cette particule manquante, ouvrait des horizons nouveaux.

  • En effet, depuis Newton, nous pensions que la masse de l’univers, ne pouvait être que « matière ».
  • La découverte du Boson de Higgs nous apprend que la masse de l’univers est « relation »
     

Le physicien David J. Miller, spécialiste des particules élémentaires, a comparé le boson et le mécanisme de Higgs à une réunion réunissant un groupe des personnes qui, au départ, remplissent un salon de manière uniforme.

Lorsqu'une personnalité politique très connue entre dans le salon, elle attire les militants autour d'elle, ce qui lui donne une « masse » importante. Cet attroupement correspond au mécanisme de Higgs, et c'est lui qui attribue une masse aux particules. Ce n'est pas le boson qui donne directement une masse aux particules : le boson est une manifestation du champ de Higgs et du mécanisme de Higgs qui, lui, donne sa masse aux particules.


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Cette nouvelle porte ouverte par la science, sur un chemin qui n’est plus celui de la seule approche physique de l’univers, nous amène à faire le constat étonnant, que les fondements des grands récits mythologiques et religieux, ont été plus que prémonitoires, dans la compréhension actuelle de notre univers.

 

Trois grandes convergences nous en apportent la preuve :
 

 

Première convergence : « la soupe primordiale »

Dans la plupart des grands récits mythologiques, notre monde émerge d’une sorte de « soupe primordiale ».

  • En Egypte et en Mésopotamie, ce pré-monde était un océan tumultueux,
    vaste tourbillon, sans lois ni stabilité.

  • En Grèce, il y avait le « Chaos », vaste, vide, sombre et informe.

  • En Chine, Yin et Yang émergèrent d’une « vapeur primordiale ».

  • Et enfin, au début de la Genèse, terre et eau, lumière et ténèbres étaient mélangés.

 

La soupe primordiale : des collisions d'ions de plomb à haute énergie (CERN)

 

L’histoire de notre univers tel qu’il est décrit par les scientifiques dans le « modèle standard », vient corroborer les intuitions de nos ancêtres :

" Notre histoire a bien débuté, juste après le « big-bang », par une « soupe primordiale », sorte de mousse constituée de « cordes ou de boucles », mousse qui a brusquement enflé et s’est complexifiée, pour aboutir à l’espace, au temps et la gravitation, tels que nous les connaissons aujourd’hui ".

Aurélien Barrau, cosmologiste, auteur de « Big bang et au-delà » (Dunod)


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 Deuxième convergence :
l’apparition différée de la lumière :

  • Dans la mythologie Grecque, Chaos s'unit à Eros pour engendrer la lumière.
  • Pour les Chinois, Pangu, le dieu créateur, a grandi pendant des milliers d'années, à l'intérieur d'un œuf. Quand il pu enfin en sortir, il trébucha. Sa chute fut si violente que ses yeux furent projetés dans le ciel : son œil droit devint le soleil, son œil gauche, la lune.
  • Selon le récit biblique : « Au commencement, la terre était vide et déserte, et l'obscurité couvrait l'océan primitif. Dieu dit « Que la lumière soit » et « La lumière fut ». Dieu vit que la lumière était bonne et il la sépara des ténèbres. Il appela la lumière jour et les ténèbres nuit. »

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Nous savons aujourd’hui que la lumière n’est apparue que 380.000 ans après le big-bang, quand la baisse de la pression et de la chaleur dans l’univers a permis aux photons de s’échapper.

Photo de notre univers tel qu’il était il y a 13,8 milliards d’années,
photo prise par le satellite européen PLANCK en mars 2013.

 

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Troisième convergence : 
à l’origine était la Parole, le LOGOS :

C’est le point de convergence le plus difficile à appréhender, 
mais aussi le plus riche en perspectives nouvelles.

 

  • Pour les prêtres de la vallée du Nil, toutes choses (animaux, êtres humains, végétaux, astres) furent créées par la parole divine.

Les pierres taillées que nous appelons les « Hiéroglyphes »
avaient pour nom « Paroles du Dieu ».
 

  • Dans l'épître aux HÉBREUX, la Bible dit :

« Ce que l’on voit dans le monde n’a pas été créé à partir de la matière, l’univers a été formé par la parole de Dieu. »

  • Affirmation reprise avec force dans le Prologue de Jean :

« Au commencement était la Parole,
et la Parole était avec Dieu,
et la Parole était Dieu ».


Or que dit la science aujourd’hui ?

  • Dans le domaine de l’infiniment grand, comme de l’infiniment petit, à savoir dans le domaine de la physique quantique, c’est la mise en relation et l’information, générées par le principe d’incertitude, qui sont les éléments déterminants de cette physique.
     
  • Cela est confirmé par la découverte du « Boson de Higgs », qui, bien qu’apportant la masse à toute la matière de l’univers, n’est, en fait, qu’une particule énergétique de mise en relation.


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Points de vue de trois grands scientifiques et philosophes  qui ont constaté que la matière n’est pas l’élément premier, constitutif de l’univers :
 

  • John Archibald Wheeler, physicien théoricien américain, fut l’un des derniers collaborateurs d'Einstein. Il introduisit la réflexion sur les « univers multiples », et popularisa la théorie des « trous noirs ».
    Au début des années 2000, Il a déclaré :

«Je crois que ma vie en physique se divise en trois périodes :
- J'ai d'abord cru que tout était fait de particules,
- puis que tout était fait de champs,
- aujourd’hui mon impression est finalement que tout découle de l’information ».


John Wheeler, inventeur de l'expression "trou noir". -  https://www.lemonde.fr/

 

  • Bernard d'Espagnat, membre de l’Institut, il a dirigé le Laboratoire de physique théorique et des particules élémentaires, à l’université de Paris-Orsay et a enseigné la philosophie des sciences en Sorbonne.
    Il fut membre fondateur du CERN chargé de rechercher le Boson de Higgs.
    Il énonce actuellement, dans différents colloques scientifiques, que

« L’assise ultime de l’univers, ce n'est pas la matière, l'atome, les particules,
c’est une parole, c'est un logos ».


Bernard Despagnat : de la physique à la métaphysique.
https://www.mondedesgrandesecoles.fr//

 

  • Teilhard de Chardin, Jésuite et théologien français, scientifique de renommée internationale, considéré comme l'un des plus remarquables théoriciens de l'évolution, a énoncé, dès 1946, dans son ouvrage de référence, « Le Phénomène Humain », que « le principe originel, antérieur à l’espace-temps, est un principe d’énergie et d’information »

" Le moment est venu de se rendre compte qu’une interprétation, même positiviste, de l’Univers doit, pour être satisfaisante, couvrir  l’Esprit autant que la Matière".  
(LE PHÉNOMÈNE HUMAIN p. 289)

Teilhard, visionnaire d'un monde en évolution :
du Big -Bang à la Noosphère
 
https://www.ac-sciences-lettres


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Michel Besson - Conférence donnée avec J.F. KRAVTCHENKO, au ROTARY Club Doyen de Grenoble en mars 2014,


Pour en savoir plus :   

 

Publié dans SCIENCE

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