« Nous ne pouvons rien changer dans le monde… » (Etty Hillesum)
Une jeune Juive hollandaise, Etty, 27 ans. Belle comme l’aurore, intelligente, douée pour tout, ultra-sensible (un peu écorchée vive ?). Devant elle s’ouvre le gouffre du vernichtung, l’anéantissement par le feu des Nazis.
Bouleversé, son ami Jan la rencontre à l’université où elle étudie : « Les brutes, ils l’ont démoli ! » Un de leurs amis commun vient de mourir sous la torture dans les caves de la Gestapo.
Affichée au mur, la liste des cours suspendus : leurs meilleurs professeurs, Juifs, ont été raflés par la police hollandaise au service des SS.
Jan raconte : « On les a arrachés du lit et internés, en pyjama, dans un ancien couvent plein de courants d’air et sans chauffage. La plupart sont âgés, de santé fragile. Ils ont bien assez de force morale, mais pour combien de temps ? On cherche à les humilier, à les abrutir, à les pénétrer d’un sentiment d’infériorité ».
Ils sortent en silence de l’université. Dans le boulevard parcouru par un vent glacial, Jan s’arrête soudain et lance un cri vers le ciel : « Qu’a donc l’homme à vouloir ainsi détruire ses semblables ? »
Etty ne répond pas. Ils font quelques pas. Elle se tourne vers lui :
« Les hommes, les hommes ! N’oublie pas que tu en es un ! La saloperie des autres est aussi en nous ! »
« Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans ce monde extérieur, si nous ne l’avons pas d’abord corrigé en nous ».
Ȧ son tour, elle sera envoyée à Auschwitz et gazée en novembre 1943.
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Suite de l'article de Michel BENOIT
=> http://michelbenoit-mibe.com/2023/05/
nous-ne-pouvons-rien-changer-dans-le-monde-etty-hillesum/
Froidement, méthodiquement.